Procès Forest contre Beaubourg épilogue

 

 

LA DECISION DU CONSEIL D’ETAT EN DATE DU 17 FEVRIER 1997:

 

Annulation des articles 1 et 2 du jugement du Tribunal Administratif de Paris du 7 Juillet 1995, rejet des conclusions de la demande de 1ère Instance de Monsieur Forest touchant à l’annulation du refus du Centre Georges Pompidou de lui communiquer les contrats d’acquisition d’oeuvres d’art qu’il a passé depuis le 1er Janvier 1985 ainsi que de sa requête devant le Conseil d’Etat sur la référence 173944.

Mr Forest payera au Centre Georges Pompidou une somme de 10.000 francs en vertu du 75-1 de la loi du 10 Juillet 1991.

 

 

 

Cette décision aura au moins le mérite de rendre les choses claires:

 

1- Le citoyen français n’a pas le droit de connaître l’utilisation qui est faite des fonds publics en matière d’acquisitions, notamment pour les oeuvres d’art contemporain. Quant on a connaissance des différents scandales, connus de tous, et relatés par la presse, ces derniers mois, cette décision de justice, contre la transparence, a de quoi étonner: elle met en question les fondement mêmes de la démocratie.

 

2- Elle met en évidence le décalage, sans cesse plus grand, entre le fonctionnement des institutions culturelles, juridiques et politiques qui se désavouent elles-mêmes, et les aspirations profondes des jeunes générations, avides de sens.

 

3- Contrairement à ce que j’écrivais au Président du Conseil d’Etat une semaine avant cette décision, je me trouve désormais personnellement dans la triste obligation ne ne plus faire confiance à la justice de mon pays.

 

4- Cette décision aura pour résultat de faire perdurer, pour un temps encore, des pratiques hautement questionnables du point de vue de l’éthique, mettant en cause, non seulement le fonctionnement des institutions culturelles, mais également... juridiques et politiques.

 

5- Elle ne constitue, en soi qu’une péripétie qui ne changera rien au cours des choses. Bien au contraire, ce " verrouillage " ne pourra que contribuer, encore plus, à l’amplification du " bruit " qui, comme on le constatera, finira par devenir cette " musique " pour une société meilleure et future, pour le troisième millénaire.

 

6- Au-delà de ma personne, cette décision aura pour résultat final de mobiliser les artistes et de les fédérer dans une action commune, visant à prendre leur destin en main, utilisant les outils de leur temps, sans plus rien à avoir à demander et à des institutions culturelles, dispendieuses, au service de quelques privilégiés *, toujours les mêmes.

 

Fred Forest, artiste.

 

* Quant à ceux qui ne s’intéressent pas à l’art, il faut se mettre à leur place. Les journaux leur apprennent que tel marchand vend de faux Basquiat, que tel autre et en prison, ils assistent médusés au vaudeville Vasarely, etc...S’ils lisaient en plus la liste des acquisitions des FRAC,(Fonds régional d’art contemporain), ils en concluraient qu’il n’existe en France que douze peintres et six marchands... (Pierre-André Boutang, conseiller de la Sept / Arte et magazine culturel).

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