Le centre du monde existe-t-il encore, quelque part, à l'heure de la société d'information et de communication généralisée ?
Le centre du monde est maintenant à la fois partout et diffus, c'est à dire, paradoxalement nulle part ! ! ! Le centre du monde que chacun d'entre-nous porte en soi, comme un axe d'équilibre nécessaire, cherche à retrouver, ses repères, ses appuis, ses marques, son assise intérieure qui vacille. L'individu plongé dans un magma d'informations fragmentées en subit les assauts et les flux toujours plus denses, plus inextricables. De la situation de point central « unique » et « irremplaçable », à la fois géographique, spatial, idéologique, philosophique, qu'il représentait jadis, le centre du monde n'est plus aujourd'hui qu'une surface dilatée aux dimensions indéfinies d'une nébuleuse que des experts savants et patentés nomment le «global ». Un non-lieu paradoxal tandis que s'exacerbent, ici ou là, comme d'ultimes résistances, des nationalismes anachroniques et des régionalismes de folklore qui tentent un combat perdu d'avance contre l'évolution irréversible et la délocalisation généralisée. Il faut bien le constater : le centre du monde, comme nous le vérifions chaque jour, a entamé son processus de lente désagrégation qui l'amène peu à peu à se déplacer, à se disperser, à s'effacer. Dans cette situation historique il peut paraître à la fois naïf et présomptueux qu'un artiste prétende, pour trois jours consécutifs, reconstituer le « centre du monde » et l'offrir ainsi au creux de sa main, joyau précieux, comme le coeur névralgique de la communication planétaire. Il sait bien qu'il ne peut y parvenir tout seul... et c'est bien pour cela qu'il invite, aujourd'hui, sur le réseau, tous les internautes de bonne volonté à contribuer par un travail coopératif à « retrouver », ne serait-ce que le temps d'une connexion ce centre là. Ce centre qui est pour nous tous comme l'alpha et l'oméga, où peut se butiner encore tout ce qui reste du sens. Sans doute, alors, le centre du monde, comme nous l'avons toujours connu, ce lieu de méditation et d'équilibre que chacun porte en soi, restera-t-il encore présent en nous, malgré la fluidité et la mouvance des réseaux, la fureur des images, pour peu que nous sachions le « refonder » ce centre, autant de fois qu'il sera nécessaire, avec une lucidité et une vigilance qui ne devront jamais se laisser distraire, ni abuser, par l'unique fascination des machines. |