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COMMUNIQUE N° 2 / GIGA (Guerilla Internet Groupe Art)

BONJOUR MONSIEUR COURBET, AU SECOURS MADAME TASCA, TU PLAISANTES OU QUOI, MISTER MAUBANT ?

(Annotations et commentaires du GIGA sur de la lettre ouverte en ligne de Jean-Louis Maubant PDG du Nouveau Musée/ Institut: www.i-art-c.org, adressée au ministre de la Culture et de la Communication, Catherine Tasca, sous le titre : "Au secours Madame Tasca")

Voir le journal Le Monde samedi 29 juillet 2000.

Au secours Madame Tasca (bis) :
L'art vivant en mal d'une politique.

Jamais, depuis bien longtemps, le dialogue entre la société et ses artistes n'aura été aussi naturel ni prometteur.

(En matière de dialogue, si je visite la FIAC, le Nouveau Musée de Villeurbanne, ou le Centre Pompidou, c’est en effet tout à fait édifiant... )

Si le ministère de la Culture a su, durant un temps, faire ce qui convenait, en créant une politique pour l'art actuel, ou en aidant un réseau minimum de structures consacrées à l'art contemporain, le public et les artistes ont su, eux aussi, se retrouver.

(Quelles structures, pour quels artistes, avec quel public  ? ? ? Le public et les artistes ont su, eux aussi paraît-il, se retrouver...Tiens, en voilà une bonne nouvelle, nous n’étions pas au courant ...)

Un public de plus en plus nombreux fréquente en effet désormais les lieux de l'art contemporain aussi bien que les grandes expositions plus spectaculaires; nul doute, en vingt ans, un public s'est révélé, notamment grâce au travail patient des Centres d'art. Comme pour le théâtre, il aura fallu vingt ans d'acharnement et quelques équipes militantes pour obtenir ce résultat.

(Tu rigoles, ou quoi, Jean-Louis, c’est quoi le résultat ? Des millions de subventions, pour faire la promotion pure et simple du marché de l’art international, avec pour unique résultat d’avoir placé la France en situation de pays sous-développé dans une position parfaitement ridicule, où son art officiel, dit "contemporain", à perdu tout crédit et toute représentativité à l’étranger ? Le militantisme des Centres d’Art Contemporain ? Un réseau de pistonnés, branchés Flash Art et Art-Forum, carrieristes en diable, chargés d’entretenir douze artistes à la mode ?)

Les artistes, pour leur part, ont quitté le repli de l'atelier pour s'affronter aux grandes questions du temps, l'état de la société occidentale, la ville et la vie citadine, la citoyenneté, la puissance des nouveaux media, la métaphysique en version vingt-et-unième siècle, le métissage culturel ou la mondialisation.

(Quelle surprenante et bonne nouvelle !)

L'arrivée sur la scène artistique des artistes femmes a, notoirement, redonné une pugnacité, une finesse, une quotidienneté et une lisibilité à l'oeuvre d'art contemporaine.

(Atention, l’excès de lyrisme n’est souvent qu’un cache-misère où l’indécence le dispute à l’hypocrisie... Laisse donc les artistes où ils sont. De grâce, pas de "demago" facile  ! Peux-tu nous livrer le chiffres des artistes femmes qui ont exposé chez toi, au Nouveau Musée, ces dix dernières années, en regard de celui des hommes qui ont bénéficié du même privilège ?)

Il reste que ce dialogue retrouvé n'est plus guère, désormais, accompagné par une politique de l'Etat en faveur de l'art contemporain. Comme si l'Etat avait perdu, en cours de route, son ambition culturelle et que le paysage institutionnel français soit destiné à s'étouffer par simple addition d'une déconcentration compliquée et d'un manque de moyens évident, - vingt millions d'aide au fonctionnement pour trente centres d'art.

(En cumulant le montant des subventions publiques diverses perçues, peux-tu chiffrer pour nous le coût que représente pour la collectivité, depuis sa création, construction comprise, le Nouveau Musée que tu diriges ? Voilà, entre autres, des informations très utiles pour le citoyen qu’il serait pertinent de voir figurer sur ton site... ce qui n’est évidemment pas le cas !)

Or, le milieu, les milieux artistiques ont besoin, pour s'épanouir,

(comme des orchidées sur le fumier sans doute, suivez mon regard...)

d'un système complet, collectionneurs et galeries privées, structures publiques de commandite et de diffusion, collections publiques, éditions, lieux d'archives et de documentation, librairies, lieux de production vidéo, salles d'expositions, personnels de médiation, relais et pédagogues. C'est donc le système global qu'il faut penser, accompagner, soigner et protéger, car c'est l'essence même de l'art que de nous enseigner, sur nous mêmes et sur notre société, passée, présente et à venir. C'est lui qui, sans qu'on le distingue toujours, nous dessine et dit nos inconscients collectifs, nos petitesses et les résistances nécessaires.

(Quel système s’agit-il de penser, de soigner et de protéger  ? S’agit-il de ce système global marchand et élitaire dont tu défends les intérêts depuis toujours avec les produits directement sélectionnés du marché que tu présentes au Nouveau Musée? en assurant la promotion au profit, direct ou indirect, de telle ou telle galerie privée aux frais du contribuable  ? C’est très justement vu quand tu déclares, comme le ferait Monsieur Homais en personne : "que c’est l’essence même de l’art que de nous enseigner, sur nous-mêmes et sur notre société, passée, présente et à venir " par contre sur ce point laisse nous rigoler doucement sur le rôle critique et social que joue depuis sa création l’institution muséale que tu as mise en place et que tu diriges avec cet esprit de militantisme missionnaire " marchand sur les traces de ton arrière grand-oncle, saint Pierre-Maubant ", comme le souligne Le Monde, avec une coquille inadmissible sur l’orthographe de la dernière lettre du mot marchant qui en change perversement le sens...)

La familiarité avec la culture (et donc les arts visuels) s'acquiert, évidemment, dès l'école, mais si chacun en convient aisément, les ministères concernés n'ont jusqu'ici produit que des directives limitées et timides. Les multiples conventions n'ont pas - ou peut - concrétisé cette politique par des financements sérieux, que ce soit pour le financement d'artistes en résidence ou pour les équipes de médiation - enseignants et artistes ou animateurs-, souvent bridées dans leurs volontés d'innovation. Cette relation Art/École devrait être prioritaire pour installer, et conforter enfin, la familiarité entre le public et l'art dans ce qu'il a d'exigent et de vertu critique.

(Tu enfonces là des portes ouvertes, cher ami. Pour convaincre on attend d’un penseur et d’un pédagogue en chef de tout Institut qui se respecte, des idées plus roboratives que des banalités relevant d’une conversation de café du commerce... Je crois que pour arriver à un résultat honorable ce n’est pas uniquement une question de moyens matériels mais tout simplement une question d’imagination, de bonne, intelligente et saine gestion, une juste adéquation entre les moyens dont on dispose et la finalité recherchée... Je ne mettrai pas ici le doigt sur la plaie une fois de plus en rappelant l’utilisation qui a été faite de fonds publics dans des Centres d’Art Contemporain, dont des directeurs, en autres, ont fait l’objet de mises en examen, suivies depuis de condamnations fermes devant les tribunaux. Et je m’abstiendrai de citer ici des noms, que tout le monde connaît d’ailleurs, par pure charité chrétienne...)

En complément, et pour répondre à la diversité des mondes de l'art, le ministère de la Culture pourrait encore, en partenariat avec les Villes et les Régions multiplier les lieux d'exposition, comme il a su impulser naguère des politiques de salles de théâtre, de cinéma ou polyvalentes. Les Centres d'art et les Frac

(tiens, parlons-en des Frac et de leur fonctionnement et de leur transparence encore... mais la place manque ici aujourd’hui et ce n’est pas notre sujet)

ont la capacité d'animer plusieurs lieux; encore faut-il qu'ils puissent progresser et que des moyens normaux leur soient accordés. L'Etat, à ce jour, accorde, c'est un euphémisme, peu de crédit à ses propres structures, notamment les Centres d'art installés en province. C'est avouer tout ensemble le peu de foi de l'Etat envers ses créateurs, envers ses artistes, et l'absence de toute volonté de favoriser le développement culturel des régions. Or la plupart des pays européens ont des politiques autrement moins timorées, et leurs centres d'art participent, eux aussi, de la construction d'une identité européenne des villes et régions, de Séville à Münster, de Porto à Sienne.

(S’il est jamais vrai que l’Etat accorde peu de crédit à ses propres structures, nous ne pourrons que nous féliciter de cette prise de conscience, aussi tardive soit-elle, qui ne fait que sanctionner vingt ans d’impérities, au constat du résultat que l’on connaît...)

Une politique pour les arts plastiques a, certes, été imaginée et mise en pratique il y a maintenant vingt ans; l'élan a suivi, le travail et les résultats aussi, mais cette dynamique s'est peu à peu étiolée, faute de moyens en fonctionnement comme en investissement. La ré-animer suffirait pour redonner une ambition à l'Etat : la transformation du paysage de l'art contemporain, le dialogue entre l'art et les publics, et l'aménagement culturel de l'ensemble du territoire.

(Est-ce pur cynisme de ta part, inconscience ou plaisanterie que de mettre en avant de tels propos, mon cher Jean-Louis ? J’avoue que je me trouve bien embarrassé et incapable d’en décider...)

L'organisation même du ministère de la Culture confine l'art vivant dans une sorte de recoin,

(vous savez ce petit recoin bien parisien, sans doute, entre la boutique d’Yvon Lambert, celle des Durand-Dessert et de Daniel - Templon bien sûr, pas celle de Buren, qui n’est plus une boutique, mais qui au fil du temps est devenu un véritable établissement public, à lui tout seul ...)

alors que, par exemple, l'intervention des artistes dans la ville, chaque fois couronnée de succès, à Lyon, à Tours, à Chinon, à Montpellier ou ailleurs, devrait inviter le ministère de la Culture à privilégier un rapprochement du monde de l'art avec l'architecture et le patrimoine, d'autant plus naturel que la cité est devenue terrain d'action de l'art, et que les lieux historiques peuvent, parfois mieux que d'autres, dire la continuité entre la création passée et les mouvements actuels.

( Bla-bla-bla... Est-ce possible d’entendre encore plus longtemps cela ! Au secours Monsieur Maubant, on croirait assister à l’exercice de style d’un élève de l’l’E.N.A, chargé de plancher sur l’allocution pour un banquet de sous-préfecture...)

Et puis, si l'on est aussi soucieux qu'on le dit de la création française à l'extérieur, un réseau de structures d'exigence européenne est évidemment nécessaire. La scène de l'art, et donc la scène institutionnelle, est internationale et le paysage quotidien est donc au moins celui de l'Europe, qui voit les structures se multiplier partout. Pour l'instant, la création française fait meilleure figure sur la scène internationale; le public ne boude ni l’événement ("Biennale de Lyon", "La Beauté"), ni la presse artistique (floraison des titres, des sites et des media),

(avec le montant faramineux des budgets mis à disposition de leurs organisateurs (58 millions pour La Beauté...) c’est donc le contraire qui serait plutôt consternant...)

ni la commande publique, et les polémiques mêmes, pour hexagonales et archaïques qu'elles aient été, ne peuvent plus freiner l'adhésion du public et des jeunes générations à l'art d'aujourd'hui. L'art contemporain est, du reste, tellement en prise avec la société contemporaine

(Ah ! ah ! ah !)

qu'il est souvent utilisé et cité, voire pillé par l'architecture, la mode ou la publicité. C'est ce renouveau qu'il convient d'accompagner par une relance et par des mesures politiques simples. Les mises budgétaires ne seraient pas démesurées, s'agirait-il de doubler, voire de tripler les crédits actuels et nos voisins n'hésitent pas, quant il en est besoin, à taxer au bénéfice du champ culturel, les jeux ou le loto.

(Garde-à-vous, ouvrez le ban et envoyez Marseillaise s.v.p ...)

Mais il faudrait aussi réformer les processus ministériels, choisir, initier des projets, donner la durée, favoriser les rapprochements et les synergies, écouter les régions et les villes qui, désormais, se sont pour la plupart dotées d'ambitions culturelles de niveau européen, en un mot accompagner sincèrement les initiatives.

("Tasca des sous ! Des sous Tasca ! Des sous ! On veut encore des sous Tasca !" Soit, on voyagera plus en Concorde, à partir d’aujourd’hui, c’est promis ! (ce sera de toute façon plus sûr par les temps qui courent...). On consent par ailleurs que nos salaires soient très légèrement inférieurs à celui du directeur du Louvre... et nos repas de vernissage, c’est promis aussi, se feront désormais en partenariat avec la soupe populaire. Par contre on veut des sous, encore des sous, toujours des sous : pour défendre les libertés menacés, démocratiser l’art, le rendre social jusqu’au bout des ongles et le faire déborder dans la rue comme la mousse de notre champagne millésimé).

Dans le domaine des arts plastiques comme dans la société, les choix relèvent moins de l'esthétique que de l'éthique.

(Catastrophe ! Patatras, l’éthique, le seul mot qu’il ne fallait surtout pas prononcer, quand il est question d’art contemporain. L’éthique et l’art contemporain, parlons-en... La gaffe à ne pas faire ! Tu ne lis donc pas la presse nationale, mon cher Jean-Louis, depuis plus vingt ans, ou tu te fiches carrément de la gueule des lampistes que nous sommes ?).

Consumérisme et spectacle versus utopie et morale? Dans l'art contemporain cette dichotomie est aussi réelle que concrète. Laisser faire, c'est donner une prime à la culture sous ses formes médiatiques et marchandes, relancer une politique c'est réaffirmer au contraire que la culture est d'abord une affaire publique-cosa pubblica. Au moment où l'art se manifeste bel et bien, à nouveau, dans sa perpétuelle fonction sociale et critique

(Ah, ah, ah, encore une fois... )

l'Etat devrait retrouver envie et capacité de suivre ses créateurs, par un engagement réel, modestement, mais avec la disponibilité des inventifs.

(Un minimum de décence s’impose... Gestionnaires et beaux parleurs de l’art, laissez donc les artistes faire leur propre travail en paix, ils ont d’autres chiens et d’autres chats à fouetter, laisse-les donc tranquilles, ils ont assez de problèmes déjà pour payer leur loyer, se chauffer en hiver, régler leurs cotisation à la maison des artistes, acheter leurs toile au BHV. Ils ne sont pas là (à part les quinze petits copains connus et recensés...) pour cautionner et soutenir des opérateurs de l’art, en mal de pouvoir et en crise aiguë de corporatisme.
Avant de crier au secours, il faut commencer déjà par remplir votre contrat avec ce que la collectivité met à votre disposition pour aider et soutenir les artistes en général, et plus particulièrement ceux qui vivent en France, comme le font légitimement nos voisins, chez eux, vis-à-vis de leurs propres ressortissants, et l’art français à coup sûr se portera mieux ! Cessez, comme faire-valoir de votre ego et de vos ambitions personnelles, de lorgner continûment, comme vous l’avez toujours fait depuis vingt ans, vers les valeurs du marché décidées et instaurées par les galeries privées de New-York, Düsseldorf, Bâle, Milan ou Turin... Soyez plus curieux de ce qui se passe depuis toujours sous vos yeux et votre propre nez, sans jamais avoir fait le moindre effort pour aller le découvrir, le soutenir matériellement, le défendre intellectuellement... l’inventer en quelque sorte et l’imposer ! C’est à ce moment-là, et seulement celui-là, que vous serez en droit alors de crier : au secours Madame Tasca ! En attendant sachez plutôt vous faire oublier et fermer la gueule.)

Le texte, ci-dessus, titré : "Au secours Madame Tasca", commenté par le GIGA, est signé de :

Jean Louis Maubant, responsable du Nouveau Muséee/Institut de Villeurbanne

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