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Les chroniques terriennes
du temps de l'internet


Chronique II du temps qui va s'arrêter.



Article 1

Dans la vie moderne et les commodités diverses que nous procurent les technologies qui gagnent du terrain gagnons-nous du temps ? C'est moins que probable. Nous courrons constamment derrière lui, nous sommes pressés, stressés. Juste le temps de lacer nos souliers, d'avaler notre café instantané, de partir au turbin, qu'il faut déjà revenir pour se coucher. Il faut faire quelque chose urgemment. Nous avons décidé après mûre réflexion de prendre une mesure radicale : nous avons décidé de suspendre le temps le jour du printemps.

Article 2

Bien que les trains roulent plus vite, que le TGV gagne du temps sur le temps, que les salades ne soient plus à laver, que les assiettes soient à jeter, où passe donc le temps ? Que personne ne sorte. Le temps file à travers nos poches comme si elles étaient trouées, notre cervelle est une passoire par laquelle notre mémoire fout le camp. Il n'y a guère plus que les vaches pour regarder passer les trains quand les trains ne passent pas trop vite et quand il y a encore des vaches pour les regarder. Ainsi va la vie qui passe sans doute trop vite pour la plupart d'entre nous qui sommes trop occupé pour nous en rendre compte, sauf quand il est trop tard.

Article 3

Mais où passe donc le temps ? La question mérite d'être posée. Comme le temps c'est de l'argent, nous passons le temps à donner notre temps pour gagner de l'argent pour pouvoir le dépenser. Résultat on est toujours " en manque " de temps. Comme il existe des tirelires pour mettre de côté de l'argent il devrait y avoir des tirelires pour engranger du temps. Cinq minutes par çi, prises sur le temps à bavarder pour ne rien dire, cinq minutes par là, prises sur une émission de télévision qui ne veut rien dire et il y en a tellement ! Sans compter du temps à attendre le printemps. Sans compter du temps à recycler, à récupérer sur une attente de bus ou du temps perdu inutilement dans une file d'attente au guichet de la poste. Des minutes précieuses à réutiliser après les avoir capitalisé pour ne pas rater un avion, un rendez-vous amoureux, ou pour prolonger sa vie à laquelle on ne pense jamais assez, sauf... au moment de la perdre.

Article 4

Attention, mettez vos montres à l'heure puisque le temps va s'arrêter le 20 Mars prochain à 12 heures, 00 minute, 00 seconde. Qu'on se le dise !

Article 5

Il y a le temps des cerises et celui des vaches maigres. L'un n'a rien à voir avec l'autre . Sinon que les vaches ne sont jamais rouges et que les cerises ont toujours une queue.

Article 6

Selon une formule consacrée : perdre son temps à ne rien faire consiste plus vulgairement dit à " glander ". Le contraire, donc, c'est à dire ne pas perdre son temps, consiterait à en faire quelque chose. Bien que ça se discute, et à tout faire, il faut au moins utiliser ce temps intelligemment pour réfléchir au lieu de s'agiter continuellement pour rien.

Article 7

Nous sommes pris dans notre quotidien d'homme moderne dans un mouvement sans cesse accéléré, auquel contribue largement l'environnement technologique que nous avons mis en place. Le temps est devenu différent.

Pour les uns il est devenu du temps en " miettes " pour les autres, ( les machines), il se comptabilise et se traite en nano secondes. Quoi qu'il en soit nous sommes sous son emprise. Nous vivons la tyrannie du temps. Il est temps de s'en libérer !

Article 8

Camarades, le temps du toilettage s'impose. Le temps est désormais venu de ravaler la façade, de mettre au rancart le centralisme démocratique, de ranger dans les placards, avec un oreiller par dessus, le petit père de la Révolution, de dénoncer l'idéologie poussiereuse d'une époque révolue où le " stakhanovisme " imposait sa tyrannie de la production et ses cadences. De renvoyer de même Taylor et ses partisans aux calendes grecques. De prôner enfin contre la tyrannie du temps le droit à la paresse.

Article 9

C'est bien pour cela qu'en artiste naïf, ( comme le sont paraît-il les vrais artistes (?), nous avons décidé, une fois pour toute, de mettre fin le jour du printemps à cette spirale infernale d'un temps vécu qui nous est devenu insupportable et aliénant. Arrêtons- nous enfin pour vivre et surtout pour savoir en cette période de passage à l'an 2000 ce que nous voulons faire de ce nouveau millénaire, et surtout comment nous voulons le pratiquer et le vivre ? Vous allez voir : de la commémoration on va en manger tous les jours et à toutes les sauces ! On a mobilisé pour ça les énarques de Centre Georges Pompidou et leurs employés de service ( pour qu'ils ne restent pas à se tourner les pouces d'une façon trop voyante pendant les travaux de de la raffinerie...) et qui n'ont pas manqué déjà d'alerter, comme d'habitude préférentiellement, les artistes américains, et les toujours mêmes " vedettes " du marché de l'art, qu'il y aurait des budgets à dépenser à gogo. Et surtout de bonnes affaires à faire, pour leur agent commercial et leurs galeries. Qu'on se le dise !

Article 10

Manger du temps comme on mange son pain blanc . Connaissiez-vous cette formule ? Les mangeurs de temps existent bien : je les ai vu !

Ils ne font pas dans le détail eux non plus. Ils s'en mettent plein la gueule. Ils débarquent chez vous à l'improviste quand vous avez quelque chose sur le feu ou vous harcèle au téléphone jusqu'à minuit pour vous raconter la maladie de leur petit chien. Cela quand vous avez un rapport de cinquante pages à remettre le lendemain matin et qu'il est à peine commencé. On les appelle aussi les chronophages à ne pas confondre avec les chronopathes Ils appartiennent à des tribus organisées qui exercent leurs ravages sans distinction de classe avec un appétit sans défaillance.