Les courriers de Richard Rodriguez

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- RESISTANCE 2: 17 mai 2003,
- RESISTANCE 1: 25 avril 2003,
- A l'attention de Monsieur le Président Bruno Racine, Centre Pompidou : 22 avril 2003,
- A l'attention de Monsieur le Président Bruno Racine, Centre Pompidou : 21 février 2003,
- A l'attention de Monsieur Michel Guerrin, Le Monde : 15 février 2003,
- Lettre à l'attention de Monsieur Philippe Régnier, directeur de la Rédaction Le Journal des Arts : 31 janvier 2003) ,
- Louise Bourgeois au Palais de Tokyo : 10 février 2003,
- Picasso barbouillé : 25 octobre 2002,

Lettre à l'attention de Monsieur le Président Bruno Racine

par Richard Rodriguez

Paris, le 22 Avril 2003

Centre Pompidou

A l'attention de Monsieur le Président Bruno Racine

Monsieur le Président,

Lire dans " Le Figaro ", qui n'est pourtant pas, à proprement parler, un journal contestataire, ce commentaire sur les ventes Breton: " Mais ce repentir de l'Etat a nourri une guerre ouverte entre le marché, opposant les collectionneurs aux institutions si voraces, à la légion de conservateurs à l'arrogance froide souvent assumée. ", devrait faire réfléchir ceux que visent ces propos, quant à leur futur comportement à l'égard du public.

Était-ce le seul fruit du hasard si les préemptions du Centre Pompidou furent généralement accompagnées par des sifflets et des huées de l'assistance, pour ne pas dire plus, alors que celles du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris furent, au contraire, saluées par des applaudissements et des vivats? !

Le pitoyable déficit de sympathie dont souffrent les " décideurs" du Centre Pompidou n'a, à cette occasion, échappé à personne ; à qui la faute, croyez-vous?

Faut-il, au regard de la conjoncture actuelle, s'en étonner lorsque ceux-ci ont préféré entretenir des "relations contre nature avec un marché spéculatif privé anglo-saxon plutôt que de se consacrer à mettre en valeur notre patrimoine culturelle national et européen ?

Un musée public se doit d'être, comme son nom l'indique, avant tout au service de son public et non à celui d'une oligarchie de "mandarins" !

C'est curieux cette façon que vous avez de ne répondre que lorsque l'on vous insulte et de rester coi lorsque l'on veut vous faire un don ; comment voulez-vous que l’on communique avec des gens pareils qui s'enferment dans leur tour d'ivoire lorsqu'on leur tend la main ?

Finalement, face à votre horripi1ant mutisme, je pense préférable offrir l’exemplaire de mon édition du portrait photographique de Beuys par Maywald à un autre musée, plus méritant, qui ne fera certainement pas la fine bouche comme vous !

Sachez, pour votre gouverne, que cette célèbre photographie a été publiée dans le Cahier du Musée National d'Art Moderne, 1984 - 4, pour illustrer, page 192 No 2, un important article consacré à Beuys ; il est vrai que c'était à une époque, malheureusement révolue, où ses dirigeants avaient encore une haute conception de leur fonction et un goût plus éclairé !

De fait, les compétences de votre "irresponsable" du département photographies ont été mises à rude épreuve lors de ces ventes et, au finish, sa myopie n'est plus un secret pour personne; Préempter à 14000 Euros, un vulgaire tirage tardif, "La vitrine de chaussures" de C. Cahun et négliger, entre autres, le portrait dédicacé de Desnos par Man Ray, à 20000 Euros ? ! !

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma plus vive commisération.

Richard Rodriguez